Des douleurs au dos de plus en plus fréquentes chez les salariés
A l’occasion de la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, voici des chiffres alarmants. Presque 9 salariés français sur 10 (86 %) souffrent d’au moins un trouble musculosquelettique, d’après une étude de l’Ifop pour Percko, réalisée en 2024. Comme en 2010, le mal de dos est en tête du podium, sauf qu’il a augmenté de 19 points, passant de 50 % à 69 %. Selon Santé publique France, il est suivi par des douleurs à la nuque et aux épaules (58 %), au genou (38 %), au poignet (30 %) et, enfin, au coude (15 %).
Le télétravail : un facteur aggravant
86 % des victimes de maux de dos estiment que ces douleurs sont liées – complètement ou en partie – à leur activité professionnelle, dont 93 % les attribuent à la pratique du télétravail. Pour 99 % des répondants, les douleurs physiques sont ressenties « quotidiennement ». Les femmes, elles, sont plus touchées (90 %) que les hommes (82 %), au même titre que les moins de 30 ans et les 40-60 ans.
Conséquences professionnelles : baisse de performance et arrêts de travail
Ce mal-être physique n’est pas sans conséquence pour l’employeur, notamment lorsque 46 % des collaborateurs déclarent qu’ils ont des difficultés à réaliser leurs tâches professionnelles, ou bien que 34 % demandent un arrêt de travail et que 15 % souhaitent changer de poste.
A noter que selon les données 2025 de l’INRS, environ 20 % des accidents du travail sont liés au mal de dos, représentant près de 12,2 millions de journées perdues chaque année – soit l’équivalent de 57 000 emplois à temps plein.
En outre, 60 % des actifs souffrants de maux de dos, dont le revenu mensuel est le moins élevé (moins de 894 euros), n’osent pas réclamer d’arrêt de travail, ce qui aggrave potentiellement leurs problèmes de santé à long terme.
Répercussions personnelles : santé mentale, vie sociale et intimité
Ces douleurs physiques ont également des répercussions sur la vie personnelle des victimes : 59 % d’entre elles soulignent que leur santé psychique s’est dégradée, 42 % que leur vie sociale a été bouleversée (impossibilité de participer à un évènement ou de faire du bricolage), et encore 33 % que leur vie sexuelle a été perturbée, avec cette fois-ci plus d’hommes (36%) que de femmes (29%).
Postures, matériel, pauses : les solutions concrètes à adopter
Si l’employeur a l’obligation de fournir un équipement ergonomique à ses salariés (comme une chaise à roulettes, réglable et dotée d’accoudoirs) au bureau, ou encore de leur verser une indemnité financière pour se l’acheter en télétravail, dans le but d’éviter des douleurs à répétition, encore faut-il que ce matériel soit bien utilisé au quotidien. Une bonne connaissance des postures physiques à adopter en travaillant permet d’éviter bien des souffrances, à commencer par des étirements au lit matin et soir.
Pendant le temps de travail, il est ainsi conseillé de placer le haut de l’ordinateur en face des yeux, en installant l’écran entre 40 et 75 centimètres du visage, ainsi que de laisser un espace de 10 à 15 centimètres entre le clavier et le bord de la table avec la possibilité de poser les bras lors de son usage. Si vous utilisez un ordinateur portable, n’oubliez donc pas de le surélever avec un support dédié ou une pile de livres, mais aussi de vous en servir uniquement avec un clavier et une souris déportés.
Agir dès maintenant pour prévenir les troubles musculosquelettiques
Par ailleurs, on évite autant que possible de croiser les jambes (risque de couper la circulation sanguine, de comprimer les nerfs et le système lymphatique) : mieux vaut qu’elles soient droites avec les deux pieds posés sur le sol ou sur un repose-pied. Autre recommandation : ne pas rester assis trop longtemps, même une fois installé idéalement à votre bureau. Votre pire ennemi ? La sédentarité. De courtes pauses toutes les deux heures, en marchant ou en pratiquant quelques exercices de yoga, sont notamment recommandées pour ne pas garder la colonne vertébrale statique. Il est tout aussi bénéfique de varier les positions tout au long de votre journée de (télé)travail : travail assis, debout, sur une swiss ball…
Plus généralement, au-delà des bonnes pratiques pour votre dos, il est également important de quitter régulièrement l’écran du regard pour reposer les muscles des yeux. Il est alors possible de regarder vaguement ailleurs, de les fermer pendant une petite minute, ou encore de bailler et de cligner des yeux pour sécréter la glande lacrymale. De petits réflexes aux grands bénéfices !