Économie cc96-edito

Saint Uber

, par Aline Gérard

Uberisation du management, Uberisation des ingénieurs informaticiens, Uberisation de la garde d’enfants, et même Uberisation de la finance ou de la drague ! Ces derniers mois, pas un jour ne passe sans qu’un acteur du monde économique ne se vante d’être l’Uber de son secteur.

Est-ce le seul moyen qu’ont trouvé les services communication et marketing pour faire exister leurs entreprises et leurs services dans le champ médiatique ? Nous, journalistes, sommes-nous à ce point formatés qu’il suffit de glisser un terme à la mode pour nous convaincre de parler d’une société ?

À l’heure où l’étau juridique se resserre autour d’une partie des activités de l’entreprise américaine et où certains chauffeurs VTC manifestent contre la baisse des tarifs de la compagnie, ce positionnement n’est pas toujours des plus judicieux. Chercher à bousculer un marché et à révolutionner les modes de consommation grâce aux nouvelles technologies est une chose. Mais toutes ces entreprises seraient-elles pour autant capables d’assumer les risques juridiques de méthodes qui visent bien souvent à obtenir un changement de loi aux forceps ?

 

“Cette nouvelle obsession médiatique est révélatrice du manque d’originalité dont peuvent faire preuve les organisations.”

Que l’on voit en l’entreprise américaine l’ange porteur d’un nouveau souffle économique ou le démon cherchant à mettre sur le bûcher les droits durement acquis par les travailleurs, peu importe finalement.  Cette nouvelle obsession médiatique pour “saint Uber” est surtout révélatrice du manque d’originalité dont peuvent faire preuve les organisations.

Faut-il y déceler le symptôme de la course à la réduction des coûts qui ne laisse plus le temps d’aération de l’esprit nécessaire à l’émergence d’idées nouvelles ou bien le manque de diversité en entreprise ? La solution relève sans doute un peu des deux.

Car c’est une lapalissade, malgré des avancées au fil des années, l’entreprise est encore loin de ressembler à la France (lire notre dossier dans le Courrier Cadres de novembre). En revanche, elle est le miroir parfait de ses préjugés et de ses blocages.

L’Uber français de demain, capable de rebattre les cartes d’un marché, devra sans doute être plus divers pour comprendre les besoins de la population. Alors sortons de l’uniformisation, levons nos carcans mentaux et voyons plus loin !

Et que cet appel ne reste pas un vœu pieux !

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Aline Gérard


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