Économie
Au nom du “non”
Ceux qui osent sont rarement des enfants sages.
À l’image de la créatrice Chantal Thomass qui dès l’adolescence se jouait de l’uniforme que lui imposait son école religieuse pour jeunes filles de bonne famille.
Ce goût de la différence, les précurseurs en récoltent parfois les fruits mais en paient aussi souvent les conséquences. Forcément rebelles dans l’âme, ils provoquent ceux qui aimeraient que rien ne change ou que l’on se contente de suivre les tendances plutôt que de les lancer. Aller contre le sens du vent implique généralement d’être un brin entêté et dur au mal.
Car l’échec, ou plutôt les échecs, sont un passage obligé.
Comme Christian Lacroix, John Galliano, Jean-Louis Scherrer ou encore Kenzo qui ont vendu leur nom à de grands groupes et perdu la main, Chantal Thomass a vu son patronyme lui échapper. Mais en 1998 son acharnement a fini par payer, au grand plaisir de la presse française qui aime ces histoires de David contre Goliath.
D’Antigone à Charles de Gaulle, nous restons attachés aux figures de ceux qui résistent. Pour défendre leur honneur ou ceux des autres. Dans le cas de la créatrice, protéger son nom et surtout celui de ses enfants est un moteur. Même si cela ne durera qu’un temps.
Savoir s’opposer est un art.
Les innovateurs disent “oui” à l’audace mais “non” au conformisme ou au défaitisme.
Ils savent poser les limites pour suivre une direction en laquelle ils croient. Résister, c’est être persuadé que rien n’est jamais perdu et que tout est possible. C’est pouvoir à l’orée de la retraite, se retourner sur sa carrière et se dire : “Je n’ai honte de rien !”.